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Réflexions politiques et socio-culturelles françaises.

Conflit israélo-palestinien : guerre vs terrorisme, injonction des termes et indignation sélective

La branche armée du Hamas en action, qualifiée de terroriste depuis le 7 octobre.

La branche armée du Hamas en action, qualifiée de terroriste depuis le 7 octobre.

  L'ignoble attaque du Hamas en Israël le 7 octobre dernier bouscule une nouvelle fois l'actualité internationale mais également la politique nationale depuis qu'elle a eu lieu. Elle permet néanmoins de remettre ce conflit sur le devant de la scène après la rentrée pathétique des chaines info s'étant focalisée sur l'abaya et les punaises de lit. Un peu comme la guerre en Ukraine qui avait remis les problèmes du monde au premier plan et bousculé la campagne présidentielle en mettant de côté certains sujets et problèmes dérisoires comparés à l'horreur vécue par d'autres pays en guerre. Après l'Ukraine, c'est donc au tour d'Israël, et à présent de la bande de Gaza qui connaît des bombardements plus nourris encore que le territoire ukrainien.

  Et si l'émotion face à l'attaque terroriste du Hamas et ses actes d'une atrocité inqualifiable et inhumaine était compréhensible, elle a fait perdre la tête à beaucoup de monde, défenseurs d'Israël comme ceux de la cause palestinienne. Que ce soit dans les déclarations de certains manquant clairement de recul, se laissant guider par leurs émotions ou au contraire dans certaines manquant de compassion. La mesure n'était clairement pas de mise, de la part de responsables politiques, de représentants des communautés concernées ou des médias.

  Les premiers qui en ont fait les frais sont La France insoumise, comme souvent, qui a fait une grave faute politique en voulant jouer sur les mots et ne voulant pas qualifier les actes du Hamas de terrorisme. Entraînant l'arrêt de mort de la NUPES que les communistes de Fabien Roussel ont quitté, et qui n'aura pour sûr plus aucune liste commune aux prochaines élections, enterrant l'union de la gauche.

  Bien que cette prise de position soit très discutable de la part du clan Mélenchon (accaparant LFI, de plus en plus divisée depuis l'affaire Quatennens, Ruffin, Autain, Corbière et Garrido ayant pris leurs distances avec Mélenchon et ses lieutenants Panot et Bompard), elle a attiré les foudres de toute la classe politique alignée sur un soutien sans concession à Israël depuis l'attaque, et une forme de haine, d'accusation de complicité et même d'apologie du terrorisme envers quiconque ne qualifierait pas désormais le Hamas et ses actes de terroristes.

  Une injonction finalement à choisir son camp entre ce groupe abject et un pays qui quelque part paye le prix fort de sa politique colonisatrice depuis des décennies, encore plus ces dernières années avec Netanyahu, Premier Ministre ayant du faire des concessions avec l'extrême-droite juive orthodoxe pour rester au pouvoir.

  S'il est certes indécent de justifier l'attaque terroriste (et de guerre) du Hamas par cette politique, il est également indécent de penser que la réponse proportionnée est de raser la ville de Gaza pour éradiquer le Hamas, sachant que de toute façon, ses dirigeants sont hébergés au Qatar. Et si le fait de minimiser les actes du Hamas est condamnable et pose question, il ne justifie pas certaines déclarations qui ont été faites à l'encontre des dirigeants insoumis, mis par certains au ban de la République, qui voudraient même les faire condamner juridiquement au mépris de la démocratie et de la liberté d'expression.

  Certains alliés d'Israël sont ainsi tombés dans une forme de folie guidée par l'émotion en enjoignant n'importe quelle personnalité, y compris du showbiz, à condamner fermement les actes du Hamas ou à apporter son soutien aux victimes israéliennes, sous peine d'être sinon accusés d'être du côté du Hamas. Et même le soutien apporté aux victimes des bombardements à Gaza sans condamner le Hamas a amené certains à être accusés d'une forme de complicité.

  C'est dernièrement le cas de Benzema, joueur français d'origine algérienne comme chacun sait, ayant quitté le Real Madrid cet été pour rejoindre un club saoudien. Son soutien aux victimes de Gaza (et non au Hamas) a poussé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à s'attaquer ouvertement à lui dans les médias, l'accusant d'être proche des Frères musulmans sans aucune preuve l'attestant, poussant le joueur de foot à porter plainte contre lui. Darmanin qui a également lancé une procédure contre la députée LFI Danièle Obono pour apologie du terrorisme (parce qu'elle a qualifié le Hamas de groupe de résistance et non de terroristes, ce qu'ils sont devenus de fait suite à leur attaque du 7/10).

  Si le soutien aux victimes israéliennes (et palestiniennes) est tout à fait normal, la position de l'Etat français (et de ses médias) à ce sujet reste ambigue, apportant finalement plus d'importance aux victimes israéliennes du fait d'une forte proximité avec ce pays depuis sa création, et bien sûr des antécédents de la communauté juive en France notamment durant la Seconde Guerre mondiale. La question de la Shoah reste très sensible et le fait que des Juifs soient à nouveau massacrés de façon effroyable, encore plus sur leur "terre sainte", rappelle de mauvais souvenirs chez nous, les Juifs y étant devenus plus intouchables que d'autres communautés. Ajoutons à cela leur mode de vie occidental qui les rapproche de nous (leur jeunesse fait la fête au sein de rave party), et on obtient une compassion bien plus importante pour ces victimes de la "barbarie" que pour les Palestiniens qui n'ont toujours pas de pays et se font encore aujourd'hui voler leurs maisons et leurs terres (en Cisjordanie) si ce n'est bombarder en réponse aux tirs de roquettes (à Gaza). Correspondant finalement à une forme de génocide qui ne dit pas son nom, similaire à celui vécu par les Arméniens envahis par l'Azerbaïdjan (mais qui ont néanmoins encore un Etat reconnu), ou même l'Ukraine envahie par la Russie, davantage que l'attaque dont a été victime Israël le 7 octobre.

  Et ce qui est inquiétant, c'est que ce conflit et les prises de position de chacun pour un peuple ou l'autre s'importe chez nous, où vivent désormais plus de musulmans que de Juifs (à ma connaissance), qui auront logiquement plus d'affinités envers le peuple palestinien. Et l'affichage constant du soutien à Israël de la part des élites politiques, médiatiques et culturelles pour certaines (en illuminant par exemple la Tour Eiffel aux couleurs de ce pays) malgré son gouvernement oppressif et brutal envers le peuple palestinien, ne peut qu'être dangereux pour notre pays et nourrir un sentiment de défiance qui pourrait se retourner contre nous. En espérant que cela n'ait aucune conséquence sur notre peuple dans les mois ou années qui viennent...

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