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Réflexions politiques et socio-culturelles françaises.

Barbie, film le plus symptomatique de l'évolution des relations hommes-femmes au 21e siècle ?

Ryan Gosling (Ken) et Margot Robbie (Barbie) dans le film éponyme de Warner, sorti le 19 juillet en salles.

Ryan Gosling (Ken) et Margot Robbie (Barbie) dans le film éponyme de Warner, sorti le 19 juillet en salles.

Le carton actuel du film Barbie de Greta Gerwig, dérivé de la célèbre poupée de Mattel (et non l'inverse) qui a évidemment produit le film, surprend en même temps qu'il interroge sur la vision stéréotypée des genres qu'il dégage, aussi bien de la femme que de l'homme, ici caricaturés à l'extrême comme on pouvait néanmoins s'y attendre. Mais cela est d'autant plus surprenant, et quelque part gênant dans son propos sans aucune nuance, que le film nous montre à la fois le monde utopique et fantasmé de Barbieland où les femmes font la loi en voyant la vie (et le monde) en rose, puis une vision tout autant caricaturale du monde réel où le patriarcat règnerait en maître.

Cela était prévisible que ce genre de film allait surfer sur le féminisme actuel afin notamment de se démarquer de l'image de poupée superficielle qui a toujours poursuivi Barbie à travers les âges (bien qu'elle ait appris à pratiquer tous les métiers ces dernières décennies comme on peut le voir dans le film). Le film est bien sûr parodique, du moins en introduction, mais ne peut s'empêcher de nous pondre un discours féministe convenu sur l'émancipation des Barbie, et donc des femmes, face aux méchants hommes qui voudraient dominer le monde et ces mêmes femmes.

C'est ainsi que Barbie (jouée par Margot Robbie qui a trouvé le rôle qui lui va comme un gant après Harley Quinn) et Ken (joué par un Ryan Gosling qui se lâche plus que dans ses rôles précédents) débarquent dans le monde "réel" et y découvrent ses injustices sexistes pour la première, le pouvoir et le succès pour le second resté depuis toujours dans son ombre et voulant à son tour s'émanciper. Mais pour cela, ce sot de Ken va estimer au regard du monde "réel" qu'il faut dominer les femmes pour que les hommes s'émancipent.

On a donc l'impression qu'il s'agit plus d'une histoire de domination et de rapport de forces entre les sexes que de recherche d'égalité. Mais plus que le film en lui-même (qui peut malgré tout donner des idées aux jeunes filles et un certain complexe de victimisation), est-ce que la société occidentale elle-même ne serait pas désormais engluée par cette guerre des sexes permanente qui combat les hommes et "leur" monde pour rechercher l'égalité si ce n'est plus ? C'est la question plus générale que j'ai envie de me poser suite à ce film.

N'y a-t-il pas un problème de plus en plus visible dans les relations hommes-femmes ? Celles-ci évoluent-elles positivement, ou empirent-elles à mesure que le féminisme a fait son trou et conduit à des avancées importantes pour la condition féminine ? Ce qui est sûr, c'est que le rapport de forces s'équilibre et que les hommes, forcément, perdent du même coup les "privilèges" et la domination qu'ils avaient sur les femmes auparavant. On peut donc dire quelque part que les hommes sont perdants dans l'histoire, bien que l'intérêt est d'atteindre l'égalité presque parfaite entre les sexes (ce qui est tout à fait normal).

Mais au fond, est-ce vraiment ce que les féministes actuelles recherchent ? On sent chez certaines, notamment dans la mouvance néo-féministe radicale, une volonté revancharde vis à vis des hommes. Le fait qu'ils aient dominé les femmes pendant longtemps et qu'ils les dominent encore dans certains domaines les incitent quelque part à combattre le sexe opposé dans son ensemble, et donc tous ses membres. Cela n'aide évidemment pas à inciter les hommes à défendre et soutenir leur cause.

Même si elle s'en défendrait, l'écoféminisme incarné par Sandrine Rousseau en est un digne représentant. Faisant croire que l'écologie passe uniquement par le féminisme, et réduisant donc cette écologie à un combat avant tout féminin. Ce qui est assez dramatique quand on veut en faire un enjeu principal actuellement, pourtant primordial au regard de la crise climatique. Par ce prisme idéologique, cette dernière serait donc le fait de l'homme avant tout, et il faudrait que tous changent leur mentalité et deviennent féministes pour sauver la planète. En gros il suffirait juste que les femmes dominent ce monde pour y parvenir.

Et à côté de ça, un film comme Barbie vantant les mérites d'une poupée en plastique vendue par millions (ou milliards) à travers le monde depuis au moins un demi-siècle te sort un discours féministe approchant, l'aspect écolo en moins bien évidemment. Je vais peut-être paraître sexiste, mais le consumérisme et la pollution qu'il engendre sont autant si ce n'est davantage un problème qui touche les femmes que les hommes. Et ce film produit par Mattel le rappelle finalement très bien, mettant à terre les thèses écoféministes liant féminisme et écologie.

C'est quand même faire preuve d'un certain cynisme et d'une hypocrisie sans limite que de se servir de Barbie, poupée incarnant une certaine vision de la femme-mannequin et donc un modèle de stéréotype, pour surfer sur le féminisme 2.0, alors que le succès de ce film promouvant une marque de jouet ne fera que gaver les "vieux mâles blancs" dirigeant Mattel qu'il dénonce pourtant. C'est dire l'imposture de la démarche, et son impact quasi-nul excepté celui de façonner les esprits de messages simplistes.

J'en reviens à présent à la problématique principale que ce film met finalement en lumière : celle des relations hommes-femmes et leur évolution au XXIe siècle. Si le féminisme a toujours été louable dans la quête d'égalité entre les sexes depuis qu'il existe, il a aussi tendance à vouloir prendre sa revanche sur les hommes qui ont dominé le monde pendant des siècles. Cet objectif malsain (et parfois inavoué) conduit irrémédiablement à une guerre des sexes, la plupart des hommes ne voulant logiquement pas se faire dominer à leur tour. Même si cela pourrait paraître juste idéologiquement et historiquement, ça ne le sera jamais dans les faits, tout simplement car on ne fait pas payer tout un groupe ou une communauté (ici un sexe) pour les agissements de certains, surtout lorsque ces derniers sont issus des générations précédentes. Ca vaut pour n'importe quelle communauté (ethnique, religieuse, sexuelle), mais aussi pour les sexes. Car sinon, le féminisme n'est qu'un sexisme inversé, soit de la simple misandrie. Et si on recherche l'égalité, l'un est aussi mal que l'autre.

Le mouvement #MeToo a bien sûr amené à mettre la lumière sur les dérives passées ou actuelles en matière de violences sexistes et sexuelles des hommes à l'encontre des femmes. Un mouvement salutaire qui doit néanmoins s'accompagner de réformes judiciaires et policières profondes pour que les femmes victimes de violence soient en confiance et ne s'en remettent pas aux réseaux sociaux pour mener des vendetta. En cela, les fausses accusations devraient aussi faire l'objet de procès et de condamnations pour éviter toute dérive et tout détournement de ce mouvement de libération de la parole. Car s'il est inacceptable que la vie d'une femme soit détruite par un homme l'ayant violée ou agressée sexuellement, il est également inacceptable que celle d'un homme soit détruite pour rien.

Les violences entre les hommes et femmes sont un fléau. Bien qu'elles sont davantage pratiquées par des hommes malheureusement, le procès entre Johnny Depp et Amber Heard a montré que les violences conjugales peuvent être réciproques, et a rabattu certaines cartes sur la vision qu'on pouvait avoir sur l'un comme sur l'autre dans le rapport agresseur/victime. La tendance générale reste la même, mais les jugements à l'emporte-pièce sur des affaires conjugales de ce type devraient amener certain(e)s à réfléchir.

Ce qui m'inquiète et me chagrine finalement, c'est que les relations hommes-femmes se dégradent de plus en plus avec le temps. Ce pour plusieurs raisons. D'abord le fait que les femmes se passent de plus en plus des hommes à mesure qu'elles deviennent indépendantes (ce qui est évidemment une bonne chose qu'elles le deviennent, je ne suis pas un abruti de zemmouriste), que ce soit affectivement ou sexuellement. Ensuite le fait que les hommes hétéros deviennent de plus en plus frustrés de ne pas trouver une femme à aimer, ce qui peut les amener à reproduire des comportements violents, de manipulation ou de domination qui feront encore plus fuir les femmes. Produisant irrémédiablement à un cercle vicieux, où les hommes et les femmes auront de moins en moins de relations de toutes sortes. Car plus il y aura d'hommes frustrés, plus il y aura de femmes dégoûtées des hommes, et moins des hommes qui n'ont rien à se reprocher arriveront à approcher des femmes.

A noter que le but de cette analyse n'est pas de rendre les femmes responsables de la frustration des hommes ni de justifier leurs agissements, juste d'essayer de comprendre les conséquences sociologiques probables d'un repli sur soi de la gente féminine sur la frustration de certains hommes (le manque d'éducation affective voire sexuelle des hommes et de leur rapport aux femmes est une autre cause du problème). Des féministes répondraient que la frustration des hommes n'est pas leur problème, mais ce serait quelque part faire preuve de mépris et ne voir le problème que sous le prisme d'un genre, ce qui est sans doute leur but ceci dit, mais n'a rien de constructif, en niant si ce n'est méprisant finalement les besoins que peuvent avoir les hommes, équivalents à ceux que peuvent avoir les femmes.

En cela, il y a une certaine inégalité entre les genres. En témoignent les applications de rencontre, où une femme trouvera plus facilement quelqu'un pour se mettre en couple qu'un homme (après avoir fait un tri conséquent néanmoins). Et malheureusement, dans un monde de plus en plus connecté où les relations humaines se dégradent, il n'y a pas beaucoup d'autres options pour chercher à se mettre en couple pour un homme, à part aller "pécho" en boîte ou bar dansant, avec tous les risques que ça implique désormais. Sans parler qu'en France, la culture de l'homme devant faire le premier pas reste très marquée malgré tout (contrairement à d'autres pays). Il suffirait peut-être que les femmes se sentent plus libres d'aborder les hommes sans se sentir jugées, mais aussi que les mentalités (conservatrices) changent pour cela, y compris de la part des hommes portant un jugement sur ces femmes. Mais ce n'est pas encore assez le cas malheureusement. Et à supposer qu'on n'aime pas le principe des applis (souvent payantes pour avoir du résultat) et qu'on ne sait ou n'aime pas danser, il y a peu de chances d'arriver à quoique ce soit à moins de faire une rencontre fortuite.

On peut ne pas s'en émouvoir surtout si on est une femme ou un homme qui a tout pour lui, force est de constater que si la condition des femmes s'est améliorée avec le temps, celle des hommes se dégrade logiquement du fait du rééquilibre qui s'opère depuis des décennies. Attention aux effets collatéraux que cela engendre, notamment à la résistance de plus en plus visible de la part de certains hommes à cette recherche d'égalité salvatrice, mais aussi à un certain féminisme pour qui cela ne sera jamais assez tant que les femmes n'auront pas pris le pouvoir sur les hommes.

Voilà pourquoi je relativiserais ce féminisme qui tenterait encore de nous faire croire que les hommes dominent entièrement les femmes dans ce monde (disons occidental). Il y a certes encore une domination des hommes dans certains domaines, et des progrès à faire en matière d'égalité salariale et de violences conjugales, mais j'estime que les femmes dominent les hommes dans un certain nombre d'autres, et que finalement, il leur appartient aujourd'hui entièrement de choisir l'homme avec lequel elles ont envie de vivre (ou aucun d'ailleurs), même plus qu'aux hommes à mon sens. Il leur appartient désormais aussi de faire carrière de façon indépendante, ce qui était peu le cas auparavant. En cela, le féminisme radical (ou néo-féminisme, celui justifiant encore aujourd'hui tous les maux du monde par le genre masculin) devient assez anachronique, et la misandrie totalement hors de propos, et même malsaine pour notre société et le rapport entre les sexes.

J'invite bien évidemment les femmes (ou les hommes) qui ne seraient pas d'accord avec cette analyse (découlant de mes observations) à me répondre, car je ne prétends pas détenir la vérité et ne demanderais qu'à avoir tort et qu'on me convainque du contraire. ;)

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