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Réflexions politiques et socio-culturelles françaises.

Le football français est pourri

Le football français est pourri

  Alors que le Paris-Saint-Germain est sur le point de se faire éliminer en 8e de finale de la Ligue des champions pour la énième fois, je profite de cette occasion pour pousser un nouveau coup de gueule. Et après le cinéma français, place au foot français ! Un sport qui a priori fait rayonner la France à travers le monde si on ne s'en tient qu'à l'Equipe de France, à nouveau finaliste de la Coupe du monde à la fin de l'année dernière, quatre ans après l'avoir remportée. On ne présente plus les Mbappé, Griezmann et Giroud emmenés par Didier Deschamps, champion du monde 1998. Et pourtant, la reconduction de ce dernier à la tête de la sélection nationale a provoqué malgré elle un scandale qui a conduit à la décapitation de la Fédération Française de Football. Un scandale qui avait déjà sorti la tête de l'eau avant la Coupe du monde mais qu'on avait tenté de noyer pour ne pas empiéter sur la mission des Bleus, visant à aller chercher une troisième étoile.

  Ce scandale concernait évidemment Noël Le Graët, président de la FFF. Ce Breton notamment connu pour avoir été maire de Guingamp mais surtout dirigé le club de la ville, était en poste depuis 2011, succédant à Fernand Duchaussoy et Jean-Pierre Escalettes qui avaient essuyé les plâtres du scandale de Knysna. Sa mission était notamment de remettre l'Equipe de France à flot après son élimination au premier tour de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud et sa traversée du désert. Pour cela, il nommera Didier Deschamps en 2012 qui se chargera de reformer une équipe respectueuse du maillot et du pays, en mettant de côté certains éléments perturbateurs. Karim Benzema (devenu depuis Ballon d'Or) en fera notamment les frais après son affaire de sextape avec Mathieu Valbuena en 2015, et une série de déclarations maladroites. Il manquera l'Euro 2016 et la Coupe du monde 2018, remportée par l'Equipe de France.

  Mais revenons à notre bon Noël. L'an dernier, le désormais ancien président de la FFF a fait l'objet d'accusations de harcèlement sexuel de la part de plusieurs anciennes collaboratrices. Des accusations pas de nature à l'inquiéter pour autant. Il fut également critiqué pour plusieurs sorties déplacées, comme d'affirmer qu'il n'y avait "pas ou peu" de racisme dans le foot suite à des faits prouvant le contraire, ou sur la question de l'homophobie. Mais la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est lorsque ce président à la mine souvent déconfite mais plus porté sur la bouteille qu'il n'y parait a répondu cash à une interview suite à son choix de prolonger Deschamps après dix ans de bons et loyaux services. La question portait bien évidemment sur l'échange qu'il aurait pu avoir avec Zidane, pressenti pour succéder à l'actuel sélectionneur. Ce à quoi Le Graët a répondu en somme qu'il n'en avait rien à faire de lui et qu'il ne lui aurait même pas répondu au téléphone s'il l'avait appelé. Tollé général, dopé par Mbappé qui a de suite réagi sur Twitter en considérant qu'il fallait respecter Zidane.

  La polémique a enflammé les médias et entraîné une réaction en chaine, remettant en avant toutes les polémiques engendrées par Le Graët lui revenant à la figure tel un boomerang. Le lynchage a d'un coup été intense mais assez mérité, bien qu'il aurait pu être évité si papy n'était pas resté aussi longtemps à la tête de la FFF et avait pris sa retraite avant 81 ans (à défaut de 64 ans). Et le scandale a finalement débouché sur un audit du ministère des Sports mené par la ministre Amélie Oudéa-Castéra, bien décidée à se payer sa tête sur le sujet du harcèlement sexuel. Tout ça pour entraîner finalement la démission du principal intéressé le 28 février dernier... qui a tout de même conservé un poste à la FIFA. Une instance où il a malgré tout sa place quand on connaît son histoire chaotique. Dans le genre vieil éléphant s'accrochant à son poste éternellement jusqu'à démissionner suite à de nombreux scandales, Sepp Blatter était sans doute un bon mentor.

  Pour autant, le grand ménage n'est pas totalement terminé à la FFF, dont le Comité exécutif, comme toute instance dirigeante du football à commencer par la FIFA, agit comme une sorte de mafia restant loyale au parrain malgré toutes les accusations portées à son encontre. On trouve notamment parmi eux Jean-Michel Aulas, dirigeant de l'Olympique Lyonnais, et Vincent Labrune, président de la Ligue de Football Professionnelle. Ce qui m'amène à présent à parler de cette dernière.

  Car si la FFF, qui gère l'Equipe de France mais surtout le football amateur (essayant malgré tout d'entrer en résistance pour changer sa direction), n'est pas sortie d'affaire, elle, au moins, conserve un bon bilan sportif. On ne peut pas en dire autant de la LFP, devenant de plus en plus moribonde. Longtemps présidée par Frédéric Thiriez (un bon Gaulois à moustache), la LFP est donc à présent dirigée par Vincent Labrune, ayant précédemment dirigé l'Olympique de Marseille. Un homme qui a d'abord fait carrière dans les médias, comme c'est souvent le cas dans le foot français, ayant également vu Michel Denisot diriger le PSG avant de présenter Le Grand Journal de Canal+, par exemple.

  La LFP gère comme son nom l'indique les clubs de foot professionnels français ainsi que les deux premières divisions que sont la Ligue 1 et la Ligue 2. C'est bien sûr à la Ligue 1 que je vais m'attaquer à présent. En parallèle du redressement de l'Equipe de France au début des années 2010, le PSG va être acquis par le Qatar (en échange de la Coupe du monde 2022, entre autres choses) qui va voir son capital considérablement exploser et avoir le luxe de se payer des stars internationales qui vont permettre au club de vendre plus de maillots et de rayonner désormais à travers le monde. Ibrahimovic, Beckham, Neymar, Mbappé... La plus grande acquisition restera sans aucun doute celle de Messi, icone planétaire du foot venant en plus récemment de remporter la Coupe du monde.

Le football français est pourri

  L'objectif du PSG (et du Qatar) était bien entendu économique et commercial, mais aussi sportif, puisque le dirigeant du club Nasser Al-Khelaïfi s'était donné pour objectif de remporter la Ligue des champions de l'UEFA, reine des compétitions européennes des clubs. Cela fait désormais plus de dix ans que le Qatar a acquis le club, et force est de constater encore une fois que ce n'est pas pour cette année. Le PSG se troue à chaque fois aux matchs décisifs, de façon plus ou moins humiliante (la remontada de 2017 face à Barcelone restant en tête des déroutes du club), et n'aura atteint la finale qu'en 2020 lors d'une édition raccourcie par le Covid (ayant fait sauter les matchs aller-retour).

  Certains commentateurs et consultants télévisuels nous expliquaient pourtant que l'arrivée du Qatar au PSG était une aubaine pour le foot français, lui donnant plus d'exposition médiatique à travers le monde, susceptible de faire venir de grands joueurs dans notre championnat, permettant ainsi de le développer et de le rendre plus compétitif. Là encore, force est de constater au contraire que le PSG n'a rien apporté au foot français à part l'écraser de sa puissance financière, remportant le championnat presque à chaque fois (Monaco et Lille étant les seuls l'en avoir empêché ces dix dernières années) et les coupes nationales (moins dernièrement).

  Le club de la capitale n'a pas non plus fait augmenter massivement les droits TV du championnat, qui auraient permis de redistribuer indirectement les bénéfices de l'exposition des stars parisiennes. Sur la saison 2021-2022 par exemple, les droits de la Ligue 1 s'élevaient à 687 M€, loin derrière les quatre grands championnats européens (cf graphique ci-dessous).

Le football français est pourri

  Finalement, on peut donc se demander à quoi sert le PSG depuis tant d'années, à part satisfaire les Parisiens qui dominent le foot français sans partage grâce à leurs moyens. Une situation qui reflète finalement la centralisation économique spécifique à notre pays, qui ne voudrait rayonner que par sa capitale et a tendance à délaisser voire mépriser la province. Ce qui est clair, c'est qu'au lieu de concentrer tous ses investissements sur le PSG pour faire plaisir à Sarkozy (entre autres), le Qatar aurait pu investir dans le foot professionnel français dans son ensemble, mais c'était sans doute moins vendeur.

  Résultat des courses : toujours aucun trophée européen en dix ans de Qatar, que ce soit de la part du PSG ou des autres clubs qui ne progressent décidément pas. Marseille, pourtant deuxième du dernier championnat, n'a encore pas fait le poids en phase de poule de Ligue des champions, tandis que Rennes, Nantes et Monaco se sont faits encore lamentablement éliminés en Ligue Europa le mois dernier (malgré des matchs aller encourageants). Effectif, recrutement, encadrement, management... Il y a encore du travail pour que le foot français rivalise avec ses voisins européens.

  Au-delà de la FFF, c'est tout le foot professionnel français qui devrait donc se remettre en question et revoir sa copie de fond en comble pour arrêter de nous faire honte chaque année, en tout cas à ceux qui aiment le foot et souffrent depuis trop longtemps de cette médiocrité ambiante.

  Je passerai enfin sur la gestion chaotique des droits TV français par la LFP, laissés en 2020 au groupe espagnol Mediapro qui a fini par lâcher l'affaire en milieu de saison, menaçant tout le championnat, puis attribués à Amazon aux dépens de Canal+, pourtant diffuseur historique qui l'a forcément mal pris (alors qu'il avait sauvé le championnat en reprenant les droits à Mediapro la saison précédente). Je passerai également sur le fait que la Ligue 1 soit sponsorisée par Uber Eats. Le championnat de France de foot est donc le sponsor officiel de la livraison à domicile. En termes de valeurs sportives et sociales, ça se pose là... Mais il n'y a que l'argent qui compte pour cette Ligue 1, semble-t-il, avant les performances sportives.

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