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Réflexions politiques et socio-culturelles françaises.

Les minorités finiront-"iels" par s'entretuer ?

Les minorités finiront-"iels" par s'entretuer ?

  Avec plusieurs polémiques plus ou moins dramatiques survenues ces dernières années voire derniers mois, je suis en train de me poser cette question : les wokes, ces minorités "éveillées" qu'on regroupe toutes dans le même sac alors qu'elles représentent des communautés bien différentes, que ce soient ethniques, religieuses ou sexuelles, peuvent-elles vraiment cohabiter et s'unir contre les hommes blancs cisgenres ou hétérosexuels ("communauté majoritaire" en Occident et considérée comme dominante et oppressive envers ces minorités) pour remporter leur combat pour l'égalité ? Je me pose cette question alors que plusieurs affaires me font dire le contraire depuis quelques temps, opposant des communautés entre elles. J'ai ainsi ressorti trois cas polémiques opposant chacun deux de ces minorités, et il en résulte qu'ils regroupent comme par hasard trois communautés : les féministes, les LGBT+ (regroupant dans un pack toutes les sensibilités sexuelles autres qu'hétérosexuelle) et les musulmans (pour ne pas dire islamistes). Trois communautés semblant donc jouer à poule-renard-vipère, de manière rétroactive en plus puisque les supposés prédateurs sont aussi des proies pour leurs proies !...

 

Les minorités finiront-"iels" par s'entretuer ?

Musulmans vs femmes & LGBT+ : le cas Mila

  Survenue en 2020, l'affaire Mila a mis en exergue la haine frustrée de certains musulmans envers les femmes et les homos, lorsque l'adolescente susnommée s'est faite insultée pour avoir recalé l'un d'entre eux. Ce à quoi elle a répondu en répliquant sur Instagram un message islamophobe, qui n'a pas manqué de faire réagir, puisque la surenchère a débouché sur un harcèlement nourri sur les réseaux et des menaces de mort à répétition, qui ont évidemment effrayé la jeune fille, jusqu'à faire l'objet d'une protection rapprochée. Un procès a eu lieu depuis, celle-ci ayant porté plainte contre ses cyberharceleurs défenseurs d'Allah. Une haine réciproque et féroce via les réseaux sociaux qui n'a pas manqué de faire polémique et d'inciter chacun à choisir son camp entre cette jeune fille islamophobe et des musulmans misogynes et homophobes. L'opinion publique et médiatique a dans un premier temps pris position contre elle, seul son message sur Instagram ayant été diffusé et condamné, et non les innombrables insultes haineuses et menaces de mort bien moins diffusables qu'elle a reçues avant ou après son message vidéo, mais pas moins effrayantes si ce n'est plus. L'affaire s'est bien entendu réglée devant la justice, mais ça n'empêchera pas la vie sociale de la jeune fille d'être détruite suite à son exposition numérique et médiatique, et ça, cela donne une certaine victoire au camp d'en face composé d'anonymes. Et pose question sur le caractère de nuisance de certains membres de cette communauté religieuse envers les minorités sexuelles.

 

Les minorités finiront-"iels" par s'entretuer ?

Musulmans vs LGBT+ : le cas Idrissa Gueye 

  Il y a déjà quelques mois, une autre affaire a plus directement confronté les musulmans à la communauté LGBT+. Comme c'est d'usage désormais, les joueurs du Paris-Saint-Germain ont été invités à porter le temps d'un match un maillot avec un flocage arc-en-ciel, afin de soutenir cette communauté et de lutter contre l'homophobie et la transphobie, au sein d'un milieu peu réputé à la base pour le faire. Mais voilà, l'un des joueurs du club de foot, connu pour être musulman, n'a pas pris part au match prévu. La raison officielle était qu'il n'était pas disposé physiquement pour ce match. Mais il s'avérerait plutôt que Gueye, joueur sénégalais parti depuis à Everton en Angleterre, n'ait pas voulu porter ce maillot allant à l'encontre de ses croyances religieuses. Ciblé par les médias défendant la cause LGBT et les islamophobes notoires (qui habituellement sont aussi homophobes), le joueur a par ailleurs été défendu par pas mal de ses compatriotes sur les réseaux sociaux ainsi que des immigrés partageant potentiellement ses convictions religieuses. Cette affaire marque bien une certaine homophobie présente encore massivement au sein de la communauté musulmane, comme au sein des autres communautés religieuses. Une homophobie souvent constatée dans les quartiers populaires, où les homosexuels et lesbiennes peuvent être encore plus mal perçues que dans d'autres milieux, voire menacés. Tandis qu'on pourrait qualifier Idrissa Gueye d'homophobe, ses défenseurs seraient tentés de parler de racisme (le joueur étant noir) ou d'islamophobie pour répondre à cette attaque. Parfois à juste titre quand des homophobes le ciblent lui alors qu'ils ne sont pas particulièrement partisans du flocage de maillots de foot du drapeau arc-en-ciel... Les musulmans gays seront bien avisés de choisir leur camp...

 

Les minorités finiront-"iels" par s'entretuer ?

LGBT+ vs féministes : le cas J.K.Rowling

  Dernier cas témoignant d'un autre affrontement ayant désormais cours parmi les wokistes traitant des questions de sexe et de genres (bien que l'un des deux camps se qualifie plus wokiste que l'autre) : l'affrontement croissant entre les féministes d'ancienne génération et la communauté LGBT+. On connaît pas mal de féministes d'ancienne génération, c'est-à-dire post-soixante-huitards, en France. Elisabeth Badinter, par exemple, qui ne soutient pas le néo-féminisme actuel. Mais depuis 2020, une autre grande figure, cette fois britannique, s'est faite remarquée sur Twitter pour ses prises de position qualifiées de transphobes. Auteure de la saga Harry Potter, J.K.Rowling s'est mise à dos tout un pan de la communauté LGBT+, principalement la "sous-communauté" trans, pour avoir déclaré qu'il fallait parler de femmes pour les personnes ayant leurs règles. Incluant donc les femmes... et les femmes trans, que Rowling refuse donc d'appeler comme telles. Là où la réalité biologique se confronte à l'identité de genre, J.K.Rowling s'est quant à elle confrontée aux défenseurs acharnés de la transidentité qui l'ont tout à coup présentée comme une haineuse anti-trans. Twitter se déchaine depuis plus de deux ans contre elle, et la créatrice du monde des sorciers britannique n'en démord pas et se fait harceler voire menacer tous les jours depuis lors. Il faut dire que Rowling est une féministe historique et craint, sans doute à juste titre, que certaines dérives soi-disant progressistes en faveur des trans ne nuisent à la cause et aux droits des femmes en voulant quelque part supprimer dans certains cas les différences de genre et surtout de sexe, qui ne change pas forcément avec le genre. Le féminisme a donc le choix entre se noyer dans le combat LGBT+ ou réaffirmer son identité en soutenant la cause des femmes uniquement cisgenres et non transgenres. Le combat de Rowling sur ce point lui vaut en tout cas d'être taxée de réac aujourd'hui (comme quoi les progressistes d'hier finissent toujours par le devenir, et sans doute que les wokes d'aujourd'hui pourraient devenir les réacs de demain), au point que certains se sont demandés s'il ne fallait pas l'attaquer sur tous les plans, à travers sa saga devenue à présent plus cinématographique que littéraire (en la boycottant), ou par d'autres moyens... Certains acteurs ne se sont pas gênés pour prendre position contre elle. Mais ça n'a pas empêché la franchise de continuer à exister et à être appréciée malgré la polémique, et Rowling d'obtenir de nombreux soutiens, certains n'ayant pas oublié son apport à la pop-culture moderne pour toute une génération voire plus.

 

  Ces trois cas finissent par nous poser question sur la coexistence des minorités et leurs combats qui au final finissent par se heurter l'un contre l'autre du fait de leur incompatibilité. L'islam vis à vis du féminisme et des orientations sexuelles, le féminisme vis à vis de la transidentité, et plus largement les minorités religieuses et culturelles vis à vis des minorités sexuelles. Au sein du combat woke qui regroupe tout et n'importe quoi, des luttes internes se font de plus en plus jour et pourraient décider du sort de certaines dans un avenir proche. Mais il semble inévitable que celles et ceux (ou "celleux") qui se croient plus progressistes que les autres soient confrontés à leurs propres contradictions en matière de tolérance quand il s'agit de respecter une minorité ou un combat woke ou communautaire qui menace leur propre communauté.

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