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Réflexions politiques et socio-culturelles françaises.

Riches de gauche et pauvres de droite

Caricature de Macron par LR avant la présidentielle : soviétique, vraiment ?...

Caricature de Macron par LR avant la présidentielle : soviétique, vraiment ?...

  Depuis plusieurs années maintenant, la gauche, et notamment le PS, n'a cessé de perdre son électorat populaire. Celui-ci a progressivement déserté à la vue des politiques qui se voulaient modernes mais finalement de plus en plus anti-sociales et en phase avec le néolibéralisme ayant redessiné l'économie mondiale suite aux années 80 et à la chute du bloc de l'Est. Face à cette politique "d'ouverture", que ce soit à l'intérieur de l'Europe ou avec le reste du monde, le PS, ayant retrouvé le pouvoir en 2012, a tout fait pour la faire perpétuer et a ainsi perdu le reste de son électorat populaire resté à gauche, alors que le FN lui avait déjà piqué de nombreuses voix en surfant sur la vague de la xénophobie et de l'immigration cause de tous les maux, en particulier sécuritaires.

  C'est ainsi qu'en voulant "s'ouvrir" le plus possible au reste du monde ainsi qu'au reste du paysage politique français (en essayant de jouer l'équilibriste en tenant compte des objectifs comptables de Bruxelles en premier lieu), Hollande s'est lamentablement vautré en n'arrivant logiquement pas à rassembler les Français derrière lui, la droite n'ayant bien sûr aucune intention de lui laisser sa chance en tant qu'ex-cadre du PS et la gauche ne pouvant lui excuser ses réformes anti-sociales. En voulant lorgner sur la droite, c'est ainsi qu'Hollande a failli couler la gauche. C'était sans compter sur Mélenchon venu rassembler ceux ayant conservé les idées de gauche, bien que les restes du PS soient venus marcher dans ses plates-bandes alors que la plupart de ses pontes avaient pourtant filé chez Macron.

  À présent que Macron est élu, que reste-t-il de la gauche ? Certains la disent disparue avec le PS en perdition... Mais la gauche se limite-t-elle toujours au PS, pourtant devenu un petit parti ? Peut-on même dire que le PS représente encore la gauche ? Pour l'instant, la doxa politico-médiatique place toujours le PS à gauche, même après ses réformes libérales qui n'avaient rien de gauche sur le plan économique. Quant à La France Insoumise ? Il semblerait que ça soit la gauche, seulement, la présence-même de Mélenchon à la tête de ce mouvement le fait passer pour extrême. C'est ça quand une économie se libéralise à ce point avec un consentement quasi-général, le moindre programme replaçant l'Etat au centre du jeu politique et économique est qualifié d'extrémiste. On comprend pourquoi certains ont craint l'arrivée des chars soviétiques lors de l'élection de Mitterrand, candidat de gauche qu'on qualifiait à l'époque d'extrémiste. La gauche est en soi extrémiste pour la droite, voilà pourquoi elle ne doit pas arriver au pouvoir, même si un de ses candidats qui n'appliquera pourtant jamais vraiment une politique de gauche est élu.

  Et voilà qu'en assimilant toujours le PS à la gauche (dite modérée), cette gauche est à présent considérée par une grande partie du peuple par une élite souvent riche composée de bobos. Des gens qui s'affirment de gauche, mais (paradoxalement) sont riches et appliquent des politiques qui ne réduisent pas les inégalités et n'améliorent pas les conditions de vie du peuple. Et dans le même temps des gens qui ne se privent pas de donner des leçons en disant ce qui est bien pour le peuple, en essayant tant bien que mal de sauver sa face par le biais d'une communication catastrophique, faite de langue de bois. Et quand la langue de bois ne fonctionne plus, la diabolisation de l'adversaire un peu plus radical est de mise pour tenter de conserver ses voix, ou plutôt pour ne pas que celles-ci aillent à lui (car de toute manière elles seront perdus, donc autant jouer sur le "tous pourris"). Car ce qui importe en fait le plus à ces riches "de gauche" symbolisés par le PS et leurs alliés, c'est de conserver leur place au chaud plutôt que de régler les problèmes du peuple. Et vu qu'ils n'ont aucune chance de retrouver le pouvoir de sitôt, l'objectif est à présent d'oublier son propre parti pour passer chez le concurrent d'à côté, voire à droite. On dit que la gauche et la droite n'existent plus et sont des concepts devenus has-been pour travailler ensemble et le tour est joué.

  Parlons à présent des "pauvres de droite". Eux ont soit abandonné la gauche car le PS les a abandonné via ses politiques. Soit n'ont jamais vraiment eu de convictions de gauche et se sont laissés facilement convaincre par les discours populistes du FN. Voilà ce qui a conduit au second tour Macron-Le Pen l'année dernière. L'extrême-droite s'est faite la voix du peuple face au néolibéralisme de Macron promouvant l'ouverture dans tous les sens du terme, y compris anale. La peur du migrant, alimentée par le terrorisme, a été un terreau il faut le dire très fertile à cette montée du FN ces dernières années. Les questions sécuritaires ont pris le pas sur les questions sociales pour beaucoup. Le peuple, terrifié par le terrorisme bien relayé médiatiquement, a préféré choisir la xénophobie et l'autoritarisme censés éviter les attentats et lui sauver la vie plutôt que l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est ainsi que le terrorisme est un bon moyen pour la droite et l'extrême-droite d'exister pour et aux dépens du peuple, en promouvant à la fois sa protection et sa mise sous tutelle, dans un contexte économique difficile. Sécurité et hausse du chômage sont ainsi de bons prétextes pour progressivement lui faire perdre ses droits sociaux et libertés.

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